Vous avez dit Ubuntu ?
Si l’on vous dit UBUNTU et que votre ordinateur ne fonctionne pas sous Windows, vous penserez sans doute que l’on vous parle du fameux système d’exploitation libre GNU/Linux lancé par l’entrepreneur sud-africain Mark Suttleworth.
Mais saviez-vous que le terme Ubuntu est à l’origine un concept philosophique ?
Ce terme présent dans les langues bantoues (kirundi, lingala, ndébélé, swati, xhosa, zoulou…) est formé à partir du radical ntu (être humain) et du préfixe ubu qui exprime une abstraction.
On le retrouve dans les expressions « Umuntu ngumuntu ngabantu » ou « Umuntu ni Abantu » qui peuvent se traduire par « Je suis parce que nous sommes tous », « Je suis ce que je suis parce vous êtes ce que vous êtes », ou encore « une personne humaine, c’est toutes les personnes humaines ».
En ce sens, le concept d’ubuntu est indissociable des notions d’humanité, de fraternité, de partage, de générosité. Plus encore, il sous-entend que des liens invisibles nous relient tous les uns aux autres, que nous faisons tous partie d’une même collectivité humaine dont nous tirons notre force et à laquelle nous contribuons par notre existence.
Cette notion d’ubuntu — qui n’est pas sans rappeler le concept d’interdépendance du bouddhisme ou la philosophie non violente de Martin Luther King — a inspiré Nelson Mandela qui l’a mise en pratique pour œuvrer à la réconciliation de l’Afrique du Sud.
Un autre grand sud-africain, l’archevêque Desmond Tutu, la définissait en ces termes :
« Quelqu'un d'ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons, car il ou elle possède sa propre estime de soi — qui vient de la connaissance qu'il ou elle a d'appartenir à quelque chose de plus grand — et qu'il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés. »
Alors, dans ce monde menacé par les guerres et leur cortège de haine, par la cupidité et la recherche du profit immédiat, par l’irresponsabilité et l’absence de réflexion sur le sens de l’existence, le temps ne serait-il pas venu de développer et d’étendre notre ubuntu ?
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