Mille colombes

Suisse : plaidoyer pour une défense civile non-violente

 

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Nous reproduisons ici un article de Michel Monod publié par l'IFOR. Bonne lecture !

 

 

 

Nous voyons la guerre en Ukraine s’enliser et la destruction de Gaza se poursuivre. Nous entendons les pays européens augmenter leurs capacités de défense armée pour faire face à une éventuelle agression militaire. Est-ce bien raisonnable de faire confiance ainsi aux armes donc à la violence pour dissuader un adversaire éventuel, lequel va riposter coup pour coup. Après la guerre de tranchées comme en 14, il y a la guerre des bombardements de cités comme en 40. Aujourd’hui la menace de recours aux armes nucléaires est de plus en plus concrète et pourtant ce danger pour l’humanité tout entière est banalisé par les discours politiques dominants. La Suisse n’a pas encore à ce jour ratifié le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN).

 

Selon l’Institut national de recherches sur la paix de Stockholm, les dépenses en armement au niveau mondial ont atteint un sommet en 2021. En Suisse aussi le réarmement bat son plein. Selon les décisions du Parlement le budget de l’armée devrait atteindre entre cinq et neuf milliards de francs d’ici 2030 ce qui fait de l’armée suisse une des plus importantes et des plus coûteuses au monde en termes de budget par habitant. L’augmentation des dépenses militaires se fait évidemment au détriment d’autres postes du budget comme la santé, l’éducation, la culture, l’aide au développement, etc. L’industrie de l’armement en Suisse est très orientée vers l’exportation. Or plus de 40% des exportations d’armes sont destinées à des pays impliqués dans des conflits armés ou qui violent les droits humains.

 

Il importe de changer de mentalité qui fait croire que la victoire appartient au plus violent qui amènera l’ennemi à capituler sous l’horreur des destructions et la détresse de la population. Cette mentalité a prouvé son illusion déjà pendant 2 guerres mondiales après des millions de morts. Il s’agit maintenant de trouver une alternative à la défense armée car les armes modernes la rendent impossible et mettent l’humanité en danger d’extinction. Sans compter les désastres écologiques qu’elles provoquent et qui rendent la planète invivable. Des alternatives de défense ont été expérimentées plusieurs fois dans un passé récent. Avec Gandhi pour la libération de l’Inde de la domination britannique, avec Lech Walesa en Pologne, avec Vaclav Havel en Tchécoslovaquie et même les Pays Baltes se sont libérés de l’armée soviétique par la non-violence. Les citoyens de la RDA ont fait tomber le mur de Berlin sans un coup de fusil de leur part. En 2023 à l’occasion de l’invasion russe la résistance civile s’est manifestée dans les villes en Ukraine jusqu’à ce que l’armée ukrainienne prenne le relais avec les conséquences qui en découlent encore aujourd’hui. Privilégions donc plutôt l’option de défense civile non-violente qui sera plus dissuasive pour un adversaire éventuel que les armes atomiques dont l’utilisation reste problématique même pour ceux qui la possèdent.

 

En ce 21ème siècle évitons le recours aux armements même pour riposter à une attaque injuste d’un adversaire car cela ne fait qu’envenimer la situation et met en danger la population civile qui en est la principale victime après les soldats sacrifiés pour la victoire qui ne vient pas comme espérée. Les guerres constituent par ailleurs une véritable catastrophe du point de vie environnemental. Les milliards injectés actuellement dans l’industrie de l’armement seraient plus utiles s’ils étaient consacrés à la protection du climat et à la biodiversité. Enfin en temps de guerre on assiste à une dégradation des rapports sociaux et de genres, à une brutalisation de la société et à une augmentation de la violence contre les femmes qu’il s’agisse de viols de guerre mais aussi de le violence domestique. Tentons plutôt la négociation avec l’ennemi pour comprendre ses motivations et ses aspirations et privilégions la vie des citoyens de tout pays plutôt que les frontières et la réglementation internationale laquelle peut toujours être adaptée aux circonstances par la Cour Internationale de Justice. Que chacun donc rentre chez soi et se confie à la CIJ. Cela est vrai autant pour Israël que pour la Russie et pour tout autre pays tenté d’envahir un autre.

 

Michel MONOD

 

CENAC – CENTRE POUR L’ACTION NON-VIOLENTE 52 rue de Genève 1004 LAUSANNE



12/06/2024
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