Alors que certains gouvernements ferment les yeux sur l’élaboration d’un traité visant à interdire les armes nucléaires, les villes font entendre leur voix. De Paris à Athènes, plus de 1 000 collectivités locales exhortent leurs dirigeants nationaux à choisir la sécurité plutôt que la destruction — et gagnent rapidement des alliés.
En 2017, une étape historique a été franchie : les Nations unies ont adopté le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), rendu possible grâce au travail acharné des diplomates et de la société civile. À ce jour, 94 pays ont signé le traité, 73 l’ont ratifié et 4 autres y ont officiellement adhéré. Au total, la moitié des pays du monde sont désormais parties au traité et ce nombre devrait augmenter.
Cependant, le chemin à parcourir est encore long. Il existe un petit groupe de pays, ceux qui sont complices de la possession d’armes nucléaires, où les gouvernements nationaux sont très lents ou totalement réticents à adhérer au TIAN. Mais là où les gouvernements tentent d’ignorer le fait évident que le traité existe, grandit et redéfinit la norme internationale en matière de possession d’armes nucléaires, notre campagne fait preuve de dynamisme. Un exemple caractéristique des efforts de la campagne est l’« Appel des villes », une initiative stratégique visant à rallier les autorités municipales locales et les villes afin de faire pression sur les dirigeants nationaux pour qu’ils soutiennent le TIAN.
L’idée est simple : attirer autant de villes que possible dans le mouvement et montrer aux gouvernements nationaux que leurs capitales et leurs citoyens exigent qu’ils adhèrent au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TAN). Grâce au soutien incroyable de nos organisations partenaires à travers le monde, l’Initiative des villes a déjà incité plus de 1.000 villes à dénoncer l’incapacité de leurs gouvernements à protéger leurs citoyens contre une éventuelle attaque nucléaire. Chaque ville qui se joint à l’appel constitue une voix forte de la base sociale en faveur du désarmement, de la sécurité et de la paix.
Pourquoi les villes sont-elles importantes ?
En cas d’attaque nucléaire, les villes sont chargées de venir en aide aux victimes, une tâche impossible étant donné que toutes les infrastructures, les établissements médicaux et les moyens de communication auront probablement été détruits. Une telle attaque aurait des conséquences catastrophiques, non seulement pour les infrastructures militaires, mais surtout pour la population civile, laissant derrière elle destruction, mort et traumatismes psychologiques profonds et permanents.
L’idée est simple : attirer autant de villes que possible dans le mouvement et montrer aux gouvernements nationaux que leurs capitales et leurs citoyens exigent qu’ils adhèrent à l’Appel des villes.
Grâce à l’« Appel des villes », ces villes ont la possibilité d’agir au niveau local sur des questions mondiales telles que le désarmement nucléaire, de résister à leurs gouvernements nationaux et d’exiger des mesures. Alors que nous venons de commémorer le 80e anniversaire des bombardements étasuniens sur Hiroshima et Nagasaki, les images de ces deux villes complètement détruites nous rappellent la réalité de ce que les armes nucléaires provoquent dans la vie des gens. En particulier aujourd’hui, alors que les pays dotés d’armes nucléaires se livrent à une nouvelle course à l’armement développant des armes nucléaires dont la puissance explosive est plusieurs fois supérieure à celle des bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki, il est plus important que jamais de se rappeler qu’aucune ville ne peut être protégée contre les effets des armes nucléaires.
Paris soutient le TIAN
Parmi les nombreuses villes qui soutiennent le TIAN, on trouve un nombre croissant de capitales, telles que Washington, Ottawa, Rome, Athènes, Amsterdam, Berlin et bien d’autres. Il est remarquable que la capitale française, Paris, soutienne le TIAN, tout comme Marseille, Lyon et près de 100 autres villes.
Comme l’explique Jean-Marie Collin, directeur d’ICAN France, l’importance de ce fait réside dans le fait que « les 98 signatures de villes françaises (dont Paris) et d’autorités locales reflètent une prise de conscience claire des conséquences humanitaires désastreuses que l’utilisation de telles armes aurait ». Il ajoute qu’en relayant l’appel des villes, « nous pouvons exercer une réelle pression sur la diplomatie française ».
Athènes rejoint le mouvement pour un monde sans armes nucléaires
Et lorsque Athènes, berceau de la démocratie européenne, s’est jointe à l’appel, elle est devenue la 12e capitale à le faire. En seulement trois ans, 93 municipalités à travers la Grèce ont ajouté leur nom, représentant 3,5 millions de citoyens, soit plus d’un tiers de la population totale du pays. Pour Nikos Stergiou, de la section grecque de « Monde Sans Guerres et Sans Violence », l’une des organisations grecques partenaires de l’ICAN, la campagne est bien plus qu’une simple question de chiffres : c’est « un héritage qui continue de nous inspirer et de raviver l’idée transcendante d’un monde sans armes nucléaires ».
En fin de compte, le véritable leadership ne vient pas toujours du sommet, mais émerge des villes, des communautés et des personnes qui considèrent les armes nucléaires comme une menace. Le soutien croissant à l’appel des villes de l’ICAN, en particulier dans les pays où le gouvernement national tente d’ignorer le TIAN, témoigne de ce leadership.
Consultez la liste complète des villes qui ont répondu à l’appel des villes ICAN :